Test de la Sunlu S8 Pro
Test complet de l’imprimante 3D Sunlu S8 Pro
Sunlu, du filament, mais pas que…
Tous les makers et les makeuses connaissent la marque Sunlu pour leurs filaments. Mais Sunlu propose aussi des imprimantes depuis quelques mois. Il y eu la S8 et voici la S8 Pro !
Nous allons faire le tour du propriétaire lors de cette review et voir si Sunlu peut tirer son épingle du jeu sur ce marché devenu très concurrentiel.
Unboxing
Tout d’abord, je peux vous dire que le carton pèse son poids ! Plus de 14 kg sur la balance, mon facteur s’en souviendra ! …Et non, toujours pas de plomb pour lester les colis ^^
C’est juste que Sunlu a décidé de faire du lourd, du costaud, en un mot… du robuste.
Une fois le carton ouvert, on aperçoit la bête. C’est compact et bien rangé.
On note déjà que tout semble pré-assemblé, et qu’il y a une petite bobine de PLA de 200 g.
… Et que l’axe du porte bobine est rikiki en largeur :-/
Sunlu fournit les outils habituels, voire même un peu plus. Notamment un jeu de 5 clés Allen et une aiguille pour déboucher les buses. La Micro SD (8 gb) est de la marque SanDisk, c’est suffisamment rare pour être signalé ! Il y a aussi un pneufit et une buse (0.4) de rechange.
Le guide de montage sous forme de dépliant est clair et tout en couleur.
Une fois sorti du carton voilà à quoi ça ressemble :
Les tiges des axes Z sont pré-graissés, délicate attention ^^
Le Montage
L’étape du montage est simplissime.
- 6 vis pour le corps de l’imprimante
- 4 vis pour le porte bobine
A’y’est ! C’est prêt !! 🙂
Tous les branchements sont déjà faits ! Moteurs, ends-stops, détecteur de filament… Il y a même de la colle chaude sur certains connecteurs pour les sécuriser.
Je vous invite à voir la vidéo du montage sur la chaîne youtube de Nozzle :
Petit rappel de nouveau ici, assurez-vous bien du réglage concernant la puissance du secteur : 115 ou 220 !
Les spécifications
Nous voici en présence d’une imprimante aux spécifications alléchantes pour ce prix.
- Volume 310 x 310 x 400
- Type Bowden
- Extrudeur MK8 tout métal
- Alimentation de 360 W (24 v)
- Double Axe Z
- Détecteur de filament
- Reprise en cas de coupure de courant
- Plateau magnétique (type buildtak mais avec du polycarbonate) 0-100°C
Bon, à première vue, rien de transcendant de nos jours. Cependant tout est en métal, cela donne une impression de robustesse rassurante et un poid final de 12 kg ^^ Et Sunlu n’a pas laissé certains petits défauts qui nous compliquaient un peu la vie sur ce type de configuration.
- Les axes X et Y sont équipés de tendeur de courroie
- Le guide de filament est compact et malin !
- La carte SD ne s’insère pas à l’envers… Alors là, bravo !
- Il y a une led qui éclaire sous la buse
La prise secteur est cachée sous le plateau devant (l’interrupteur on/off est juste à côté). En même temps, toute l’électronique est devant, mais heureusement que cette prise n’est pas sur le côté, gain de place appréciable vu la taille de la base (600x490x600mm)…
Un petit défaut facilement corrigeable est resté. Le câble d’alimentation du plateau frotte pas mal sur la barre 20×20 à l’arrière. J’ai juste ajouté un petit élastique pour qu’il reste surélevé et éviter que la gaine ne s’use prématurément. Par contre, il y a bien une pièce de renfort qui sécurise la connectique du plateau.
C’est la seule modification matérielle que j’ai effectuée, je pense que l’on peut toujours la considérer “stock” pour les tests… 😉
Enfin, l’écran est minuscule et à “l’ancienne” avec une molette. Mais il fait le taff et le firmware est plutôt bien fait (on en reparlera plus loin) donc ce n’est pas gênant.
Et une fois branchée sur un Raspberry, les écrans des imprimantes deviennent secondaires et ne servent quasiment que pour les babysteps…
Et le bruit dans tout ça ?
Et bien, Sunlu a fait des efforts. L’imprimante est silencieuse, que ce soit au niveau des drivers ou des ventilateurs.
Au repos, la bête mesure seulement 53 décibels.
En fonctionnement, le son monte à 60 décibels, ce qui la classe dans les imprimantes effectivement silencieuses. On est loin des avions de chasse que nous servent encore certains constructeurs… Bravo Sunlu !
Passons aux tests d’impression !
Direct, j’imprime le premier fichier présent sur la carte SD avec la bobine de PLA fournie.
L’impression sort nickel sans aucune modification préalable des réglages. C’est souvent le cas avec ces fichiers tests fournis par les constructeurs. A noter qu’aucun filament n’est sorti de la buse à la première chauffe (vérification aussi avec l’aiguille), ce qui signifie que la machine n’a probablement pas été testée en condition d’impression avant l’emballage. Pas bien… ou excès de confiance de Sunlu ^^
J’ai zappé le 2ème fichier plutôt moche et sans vraiment d’intérêt technique ou esthétique. Je passe plutôt aux choses sérieuses.
Aller, le Benchy obligatoire pour se donner une idée rapide des qualités d’impression.
J’ai utilisé un profil de CR10s Pro sur mon slicer (PrusaSlicer), car les machines me semblent “physiquement” très proches.
Cela semble être un bon choix, le Benchy sort bien, pas de défaut, les ponts sont corrects, la ventilation semble efficace et la précision dimensionnelle est au rendez-vous.
Il y a juste un peu de fils d’ange, peut-être trop chaud (205 deg) ou rétraction à régler. J’entrevoie aussi une légère sur-extrusion. Nous allons confirmer tout ça avec l’impression suivante.
On passe au torture test !
Alors, je suis agréablement surpris.
J’ai toujours un peu de fil d’anges (200 deg) sur la partie haute, mais c’est presque inévitable sur ce type d’exercice extrême.
Le reste s’est parfaitement imprimé !
Les ponts sont propres. Premières légères bavures à 80 degrés d’inclinaison !
Pour la tolérance, les cylindres s’enlèvent sans forcer jusqu’à 0.3, c’est tout à fait correct. Le 0.2 est atteignable avec une imprimante réglée aux petits oignons alors que le 0.1 reste une chimère pour les machines non professionnelles.
La machine s’en sort donc très bien sur cette pièce exigeante.
Testons une pièce un peu plus grosse pour voir comment elle se comporte sur la hauteur…
Et bien, le vase de 32 cm s’est imprimé sans difficulté. Le bed magnétique colle parfaitement, il est vraiment de bonne qualité (je reviendrai sur ce point en fin de review).
Je remarque de nouveau une légère sous-extrusion. Je décide donc de corriger le problème, ce qui va me permettre de vous parler du firmware de la machine.
Le Firmware
Le firmware proposé par Sunlu est basé sur Marlin. Il est simple et efficace. Il permet d’effectuer tous les réglages de la machine sans ordinateur (steps, jerk, accélération etc…).
Le nivellement du plateau s’effectue de manière très simple sur les quatres coins du plateau (tiens, ils ont oublié le centre ?). Ensuite le babystepping se paramètre pendant le début de l’impression et s’enregistre automatiquement. Petite info, ne pas toucher au Z-offset lors de la première procédure de nivellement, il faut bien le laisser à 0.00 et agir avec les molettes du plateau car il ne s’enregistre pas. En fait c’est le babystep qui fait office de z-offset et s’enregistre. Pas académique mais ça fonctionne ^^.
Le seul gros défaut de ce firmware est qu’il est introuvable (!) sur le site de Sunlu ou sur la carte SD fournie. J’espère que ce point sera corrigé rapidement.
Power failure resume
La reprise d’impression en cas de coupure de courant fonctionne très bien.
Mise en situation : L’impression se passait bien. Et là, c’est le drame…
“Ha ben naaannnn !!! y’a plus de jus !… “ :’-(
Pas de panique, la coupure n’a pas duré trop longtemps… l’imprimante se rallume :
Un écran de reprise d’impression apparaît. Ouf !
Sauf que le plateau ne reste pas à la dernière température avant la coupure. Dommage…
Tant que l’on a pas sélectionné ‘resume print’ la température du bed redescend…
Lorsqu’on sélectionne ‘Resume print’ la chauffe du bed et de la buse redémarre.
…puis l’impression reprend là où elle en était avant la coupure d’électricité.
Le détecteur de filament et le changement de filament
Pour tester le “filament break detection” (ça fait toute suite plus classe en anglais hein …?), j’ai coupé le fil un peu avant l’entrée du détecteur.
Dès que le fil sort du détecteur, l’imprimante signale le problème par une série de quelques bips, et positionne la tête en 0,0 …
…affiche un message nous invitant à insérer du filament. Bon, il faut penser à retirer avant le fil restant dans le PTFE^^
On insère le filament à fond et on presse le bouton. L’imprimante procède à une purge
Si la purge convient on sélectionne ‘Continue’ et l’impression reprend là où elle en était.
La purge nous laisse une belle petite pastille de filament dans le coin de l’imprimante.
C’est exactement le même processus pour un changement de couleur programmé en cours d’impression, sauf que l’on ne perd pas en matière la longueur du bowden…
A noter que la longueur de retrait et de réinsertion du filament dans cette séquence est paramétrable à l’écran, c’est très pratique. Elle est de 100 mm par défaut.
L’extrudeur MK8
Ha, ce bon vieux MK8 tout métal… Il a déjà fait ses preuves mais aussi montré ses limites.
Dès la sortie du carton, la précision dimensionnelle (x,y,z) des impressions était au rendez-vous.
Comme nous l’avons vu plus haut, il y avait juste une légère sous-extrusion qui disparaîtra avec le réglage des steps/mm (firmware) et du débit (slicer)
Modification E-steps/mm
Ceci fait, je lance une impression plus longue (plus de 9h) afin de m’assurer que les roues de l’extrudeur ne sont pas trop serrées et ne dévorent pas le filament.
Impressions concluantes en PETG. Cela m’a permis en même de temps de m’assurer de la stabilité des températures du plateau et de la buse. Je n’ai même pas eu besoin de corriger les PID.
Réglages des PID d’ailleurs accessibles aussi directement à partir de l’écran. Impeccable ^^
Donc tout se passait bien jusqu’à ce que je me lance sur un print en TPU…
Je n’avais en stock que du TPU relativement souple ce qui accentue les difficultés en bowden et avec ce type d’extrudeur. Et malgré mon opiniâtreté (une vingtaine de tentatives avec réglages différents du ressort et des paramètres de rétraction) je ne suis pas parvenu à sortir une pièce complète avant que l’extrudeur n’abîme le fil ou que ce dernier ne s’enroule dans le MK8…
Tout ça pourrait s’arranger avec l’impression d’une pièce ad hoc pour l’extrudeur,
et un remplacement du PTFE par un Capricorne, mais là on teste une machine “stock” et pour moi c’est un échec sur le TPU…
Et ce plateau magnétique alors ?
Je n’ai pas eu de soucis d’adhésion avec ce bed magnétique, que ce soit avec le PLA, le PETG ou le TPU. Ça ressemble à du buildtak mais en plus efficace… Il est très agréable à utiliser et colle bien à l’aimant du plateau. Sunlu indique une température maximum de 100 °C, évitez d’aller au-delà au risque de démagnétiser l’aimant. Le bed est “PC coated”, c’est à dire qu’il est enduit d’un film de polycarbonate pour faciliter l’adhérence
Un autre détail bien pensé, et je ne m’en suis pas aperçu tout de suite, réside dans l’aide au positionnement du bed magnétique. Je m’explique : Avec un bed “normal” il faut faire attention à bien le positionner au fond du plateau et s’assurer qu’en le posant il n’aille pas de travers et dépasse sur l’un des côtés… sinon on repositionne délicatement et on recommence…
Là, il doit y avoir des aimants complémentaires ou plus forts aux coins car quand on se rapproche du plateau le bed est attiré automatiquement pile poil dans les coins, c’est très malin et super pratique, il ne reste plus qu’à “laisser tomber” le revêtement qui se positionne alors correctement.
Conclusion
En résumé, le géant Sunlu, jeune Padawan de l’imprimante 3D a réussi à produire une machine robuste et bien pensée à un prix contenu malgré le volume proposé. Le firmware est propre et sans bug rencontré durant mes tests. Ils ont pensé à l’utilisateur et incluent tout un tas de petits détails pour lui faciliter la vie. Elle est très facile à monter et à utiliser, elle peut donc être destinée aux débutants comme aux makers confirmés qui recherche du volume et de la fiabilité avec un budget contraint.
Le petit plus LZP
Pour améliorer vraiment significativement et à peu de frais cette belle machine, voilà ce qu’il faudrait upgrader à minima :
- Le MK8 par un extrudeur type BMG (clone ou Bondtech)
- Le PTFE par un Capricorne ou un Triangle Lab (rouge) ici
Je tiens à remercier Nozzler.io et Sunlu qui m’ont permis de tester cette imprimante et j’espère vous retrouver très bientôt pour de nouvelles reviews. N’hésitez pas à passer sur ma chaine TikTok (https://www.tiktok.com/@luke.ze.printeur) et à commenter mes vidéos, je serais ravi d’échanger avec vous !