Présentation du lissage au Dichlorométhane
Technique de lissage d’impression 3D.
Introduction :
Bonjour à toutes et à tous !
Maintenant que j’ai capté votre attention grâce à ce petit encart maison, aux couleurs qui font mal aux yeux, vous avez compris qu’il s’agit aujourd’hui de vous présenter un procédé dans lequel je vais utiliser un produit comportant des risques pour la santé.
Voici ci-dessous les liens vers les documents relatifs à ce produit avec les avertissements, compositions et risques, que je vous recommande chaudement de lire avant de commencer.
Fiche complète
Fiche Synthétique
Bien évidemment, cet avertissement n’est là que pour vous faire prendre conscience qu’il est nécessaire de manipuler ce genre de produit avec précautions et peut être utilisé, quasiment, sans danger si vous respectez ces règles.
NOTA BENE : Ce que je m’apprête à vous présenter n’a pas vocation de tutoriel, ni d’encouragement. Il s’agit d’une expérience personnelle très intéressante, qui s’adresse à un public averti et responsable.
DE QUOI VA-T-ON PARLER ?
Maker débutant, avancé ou confirmé, vous jalousez sans honte manifeste les impressions ABS capricieuses, sujettes au warping (décollement) et nécessitant des températures élevées et une enclosure (caisson), mais pouvant se lisser par applications locales d’acétone, ou par vapeur d’acétone ?
QUE NENNI ! Voici votre alternative !
Et si vous êtes un pro-ABS comme moi, vous allez découvrir un procédé de lissage identique (voir plus facile) sur d’autres matériaux aux propriétés d’impression plus permissives.
Je vais donc vous montrer comment lisser vos impressions PLA et PETG grâce au dichlorométhane, extrêmement facilement et rapidement pour “s’affranchir” de la plaie du post-traitement de vos impressions 3D.
LE DICHLOROMÉTHANE a.k.a Ch2Cl2 ?
Les cours de physique/chimie, le tableau périodiquedes éléments…tout ça c’est loin?
On ne va pas rentrer dans les détails techniques, ce n’est pas le sujet, il s’agit d’un solvant neutre, liquide, incolore et très volatile, issu de la réaction chimique entre le méthane et le chlore. Il appartient à la grande famille des hydrocarbures halogénés (chlore).
Il est notamment utilisé en soudure chimique pour les plastiques et les polymères (polycarbonate par exemple), en collages par capillarité ou pour l’étanchéification. A ce titre, il est souvent la composante principale des colles spécialisées en soudure chimique plastique avec l’avantage d’être difficilement inflammable.
Voilà pourquoi les propriétés de ce produit ont attiré mon attention…un fort potentiel solvant pour le plastique et une efficacité reconnue ? Ce qui m’a mené à la supposition suivante : brut, il s’avère être bon et solide en collage (soudure chimique), peut-être qu’à des doses plus faibles il peut être un allié de poids pour le lissage des pièces 3D ?
STRUCTURE DU TEST :
Je vais changer mes habitudes, ayant dû faire ce test en plusieurs fois (et n’ayant que très peu de temps actuellement). Je vais donc détailler le protocole dans un premier temps, et ensuite j’illustrerai avec des exemples d’essais que j’ai faits avec mon avis et les différentes choses que vous pourrez en tirer.
LES CONDITIONS DU TEST :
Je ne saurai que trop vous conseiller de prendre plus de précautions que nécessaire avec ce genre de produits industriels. Bien qu’un peu exagérée, ma bannière pictographique souligne l’importance d’une bonne préparation et d’un équipement adapté pour une utilisation sécurisée et sans risque.
En tant que solvant volatile, il est nécessaire de protéger principalement vos voies respiratoires et vos yeux, et évitez tout contact avec la peau.
Je vous conseille également de faire vos expérimentations en extérieur dégagé, et dans des conditions optimales en travaillant dans un environnement propre et dégagé.
Coté équipement recommandé :
- Un masque respiratoire à cartouches protégeant des vapeurs toxiques et solvants (ABEK)
- Visière ou lunettes de protection
- Des gants de protection (l’INRS recommande des gants en PVA/PVAL pour une protection accrue)
- Une tenue vous protégeant de toutes projections et éclaboussures.
- Une ventilation optimale, en extérieur ou avec un extracteur VMC ou je ne sais quoi, mais préférez les espaces ouverts et dégagés pour éviter les risques d’accumulation de vapeurs: le grand air, c’est bien et naturellement ventilé.
Coté matériel :
- Un pinceau quelconque pour faire des essais
- Un petit récipient (En métal de préférence)
- Du Dichlorométhane (on l’avait pas vu venir celui la!)
LE TEST DU LISSAGE IMPRESSION 3D AU CH2CL2 :
Dans cet exemple, je vais appliquer au pinceau un peu de Ch²Cl² (la formule du dichlorométhane) sur des objets en PLA (le plus courant, mais ça fonctionne parfaitement et de manière identique sur le PETG).
J’aurais pu m’attarder sur un lissage à la vapeur de Ch²Cl², par vaporisation thermique ou par atomisation, mais le résultat au pinceau me satisfait déjà pleinement pour le moment.
Évidemment, l’application de la solution au pinceau va diminuer les petits détails de surface, donc à appliquer avec précaution et parcimonie.
- Appliquez le produit
Pour ma part, et pour avoir déjà fait des essais, je choisis de positionner mon objet en PLA au-dessus du récipient pour appliquer le produit.
Ainsi, le produit va avoir tendance à s’accrocher au support et ne s’écoulera qu’en cas de surdosage.
La première application va “ramollir” la couche externe du PLA.
Pour la deuxième (inutile d’attendre plus de quelques secondes entre chaque, je choisis de venir déposer plus de CH²Cl², ce qui va dissoudre et fusionner les couches de plastique.
Et ainsi de suite jusqu’à obtention du résultat souhaité.
Plus vous chargez en solvant, plus vous irez vite, en sacrifiant, le cas échéant, l’aspect et les détails.
A l’inverse, en prenant votre temps par petites applications, vous obtiendrez un rendu brillant et plus détaillé.
Pour un premier test, faites des couches légères et uniformes. Il est important de faire vos propres expériences pour voir comment réagit le solvant.
ATTENTION : BIEN ÉVACUER LES GOUTTES HORS DE L’OBJET ENTRE CHAQUE COUCHE
- Précaution et séchage
Une fois terminé, récupérez votre Ch²Cl² restant pour le remettre en bouteille pour ne pas gaspiller, et ne touchez plus l’objet (sinon vos doigts marqueront l’objet à la surface collante à ce moment du test).
Vous obtenez un aspect lissé et “peau de pêche” similaire à un print résine et après séchage complet, un touché lisse de surface, mat ou brillant selon les supports et les applications du solvant.
Dans le cas présent, pas plus de 2 minutes d’opération par objet.
Laissez sécher un moment.
Une fois sec vous pouvez compléter par un ponçage, nettement plus facile une fois lissé.
CONSTAT POST TRAITEMENT :
Passons au verdict suite à mes expériences avec le Dichlorométhane
CONCLUSION :
Vous l’avez compris, cette expérience était pour moi l’occasion de partager cette bonne surprise, et en aucun cas en faire un tutoriel.
Je vous ai décrit mon protocole employé, et pour moi c’est validé, c’est rapide et efficace, même sur les pièces détaillées si utilisé avec modération, car soyons honnête, lissage à l’acétone, à la résine, au ponçage, vous perdrez du détail et obtiendrez les même défauts d’aspect.
Là où la résine de lissage comblera les interlignes, le CH²Cl² les fusionnera.
J’ai trouvé cette expérience très enrichissante et j’avais hâte de la partager avec la communauté des printers Nozzler, en particulier pour les démotivés du ponçage 😀
A bientôt pour d’autres expériences… qui sait? 😉
NB : Durant ce test aucune feuille de papier abrasif n’a été maltraitée.
#STOPVIOLENCESURLESPAPIERAPONCER
Destiné à un public responsable et averti, déconseillé aux débutants, aux pressés et autres profils ne respectant pas les règles de sécurité et précautions.
Test Précision : Comparaison après traitement léger du visage et de la partie droite de la photo (son épaule gauche), sur du PLA lambda, print sur Sapphire Plus. On obtient en quelques instants (ici 1min) un rendu lisse sans aucun papier à poncer, sans trop sacrifier les détails.
Attention aux poils de chats, pinceaux qui perdent les poils, copeaux de bois et autres particules qui viendront se coller avant séchage ! Faites ce que je dis pas ce que j’ai fait x)
Test temps de travail : Ici comparaison sur du PETG Azurefilm, le socle de crânes a été un peu surdosé en solvant, application très grossière et rapide et est resté blanc en séchant, car le solvant n’a pas eu le temps de pénétrer dans le plastique et a séché en surface.
Le petit toon Link a lui été recouvert de plusieurs couches successives avec petit temps de séchage et application plus lente, jusqu’à avoir un visage parfaitement lisse. Idéal pour conserver une pièce brute mais avec un rendu glossy.
Test Mixte : Ici, quelques clichés de l’utilisation que j’en ferai quand j’emploierai ce produit, c’est-à-dire MIXTE : rapide sur les grandes surfaces, un peu plus appliqué sur les détails sans trop s’y attarder.
Le choix de l’efficacité.
Donc voici Bob, Bob n’a pas de bras je vous passe la suite de la blague…
Vous noterez ici le rendu de Bob (en PLA Longer3D) d’impression plutôt rapide et grossière avec des surfaces supportées infâmes et des couches visibles. (non poncé et application brute directe après retrait de supports)
Post-traité (ici au bas mot, environ 3 ou 4 minutes), Bob a un aspect poncé, que lui a donné les passes du pinceau et l’application un peu grossière du solvant.
Le résultat est là, le rendu est lisse bien que difficile à percevoir sur les photos. Les surfaces soutenues par les supports ont pour ainsi dire disparues.
J’ai essayé d’appliquer rapidement pour la démonstration un coup de bombe d’apprêt automobile pour voir s’il reste des irrégularités.
Trop rapide, trop froid, trop dosé, j’ai mis un coup de ponçage léger pour rectifier le tir.
MAIS, cela a permis de constater plusieurs choses : d’une part la surface apprêtée est parfaitement lisse, d’autre part le coup de papier fait ressortir les détails, qui n’ont pas disparu c’est une bonne chose.
Méthode idéale pour des objets que vous allez apprêter et peindre, rapide, facile sans fioriture, la surface brute n’est pas jolie mais efficacement traitée.
Avant après complet de la tête, intérieur de la bouche lissé, plus de surface irrégulière sous la moustache, sous les cheveux ou sur le front.
L’objet aurait mérité un peu plus de soin avant application du solvant, notamment le retrait des petits résidus restants ça et là. (sur le front par exemple)
Lissage d’une vilaine surface supportée, devenue lisse facilement
Photos grandes surfaces lisses (à gauche), les stries sont comblées même si partiellement visibles, et test sur les cheveux (à droite)
Démonstration du pouvoir du solvant plastique et collant, cette jointure a essayé de se combler toute seule lors de l’emboîtement des parties pas séches.
Tips proposé par Jérôme Henriet pour Nozzler.fr